jeudi 1 août 2013

Nous protéger en protégeant nos forêts

Quand on pense aux maladies résultant de la déforestation et du contact avec les animaux, le comté de Duchess, dans l’Etat de New York, est un endroit qui nous vient rarement à l’esprit. Pourtant c’est là que l’on compte le plus grand nombre de cas de maladie de Lyme par habitant aux Etats-Unis. La disparition des prédateurs naturels dans les zones forestières de plus en plus fragmentées de la région a provoqué une explosion de la population de souris à pattes blanches, qui transmettent la bactérie via les tiques qu’elles portent. Le même développement suburbain, qui découpe les forêts du comté de Duchess pour permettre de construire des centres commerciaux linéaires et des lotissements, a créé un terrain fertile pour la propagation de l’infection. 

Des forêts saines sont plus importantes pour notre santé que nous le pensons. En plus d’abriter une grande diversité d’espèces, elles font office de stations naturelles d’épuration des eaux, filtrant les impuretés et retenant les limons hors des voies navigables. Comme le fait remarquer William Karesh, vétérinaire de terrain pour la Wildlife Conservation Society (WCS) de New York, les épidémies se développent souvent dans les endroits où l’on rase la forêt et où l’eau n’est plus potable. La perturbation des voies d’eau crée souvent des nappes d’eau stagnantes qui sont des lieux de reproduction favorables aux moustiques, potentiellement porteurs du paludisme.

La construction de routes à travers les forêts est également un vecteur de contacts entre les humains et la faune infectée. On pense que ce sont les chasseurs de gibier de brousse, les premiers à s’être aventurés dans les profondeurs des jungles africaines, qui ont rapporté le VIH dans leurs communautés. Beaucoup d’entre eux sont maintenant régulièrement exposés au « virus spumeux simien » (VSS), qui peut également affecter les humains. Si l’exposition au VSS n’a pas encore entraîné de transmission d’humain à humain, on sait que plus les échanges sont fréquents, plus de tels virus ont des chances de muter en maladies humaines. « C’est ce à quoi nous assistons avec Ebola », explique Karesh. « Plus il y a de gens dans la forêt et plus ils chassent, plus les maladies se transmettent. »

La destruction des habitats forestiers au profit d’exploitations agricoles à grande échelle crée un autre risque de propagation des maladies. Les porcheries malaises où le virus Nipah - une infection inconnue auparavant qui a tué des centaines de personnes en Asie - a fait son apparition se situaient près d’une forêt vierge, zone d’alimentation des roussettes porteuses de la maladie, explique Jonathan Epstein de l’ONG New Yorkaise Wildlife Trust. « Dans un contexte agricole traditionnel [à petite échelle], le virus se serait trouvé à court de porcs réceptifs, » précise-t-il, mais une ferme de 30000 têtes est « suffisamment grande et densément peuplée pour subir une épidémie. »